Contribution à l ‘enquête publique concernant centrale d’enrobage de Doville. 🗺
Dossier : centrale mobile permanente d’enrobage à chaud de Doville.
à Monsieur le commissaire enquêteur
Après avoir consulté le dossier d’enquête publique concernant l’implantation d’une centrale d’enrobage à Doville, veuillez trouver ci-après les remarques d’Europe Ecologie – Les Verts
Insertion économique
Suite à l’attribution du marché d’enrobé du conseil général de La Manche, la société Colas souhaite implanter une centrale d’enrobage à chaud à Doville
Cette centrale devrait produire 80000 tonnes de bitume par an. Jusqu’à maintenant, l’enrobé était produit à Muneville-le-Bingard par Eurovia, précédent titulaire du marché. Cette centrale a été ouverte il y a moins de 10 ans, et se retrouve sans débouchés. Elle est située à moins de 25 kilomètres.
Quelle utilité à l’ouverture d’une nouvelle centrale d’enrobage, dans un milieu sensible, alors qu’il existe déjà une au dimensionnement adapté, répondant aux normes et bien située pour couvrir le département à Muneville-le-Bingard ?
Si chacune des entreprises qui répond à un marché d’enrobé sur le département de la Manche ouvre une centrale, finirons-nous par en avoir une par canton, la plupart fermée ?
Impact sur les riverains
La fabrication d’enrobé à chaud est coûteuse en énergie et dégage des gaz à effet de serre, des poussières et des fumées toxiques.
Quels seront les impacts pour les riverains présents à 250 mètres, exposés entre autre, au bruit, et aux rejets atmosphériques ? L’agence nationale de sécurité sanitaire a reconnu les risques professionnels liés à l’exposition au bitume. Les riverains de la centrale, sans doute exposés à des doses moins massives que les travailleurs du chantier, seront malgré tout bel et bien menacés par les mêmes pathologies.
De même, les exploitations agricoles pourraient pâtir des résidus et émissions de combustion du fuel de la centrale d’enrobage. Ces résidus pouvant se retrouver sous forme de traces dans leurs productions (en particulier viande et lait).
Impact environnemental
Ce projet se situe à proximité de la Réserve naturelle nationale de la Sangsurière et de l’Adriennerie qui bénéficie de plusieurs mesures de protections (NATURA2000, site RAMSAR : zone humide d’intérêt international). 8 autres zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) sont proches du périmètre du projet, dont l’une jouxte le site lui-même. Les réserves naturelles sont les joyaux de la biodiversité française. Elles permettent le maintien d’une faune et d’une flore exceptionnelles, d’habitats rares.
Comment mesurer l’impact réel sur la biodiversité, très riche et rare dans la zone autour du projet ?
L’étude présentée dans le projet montre de grosses lacunes : l’inventaire de la faune et de la flore nous paraît très insuffisant – une seule journée d’étude sur site (le 26/4/12) – au regard du caractère exceptionnel de la biodiversité sur ces territoires.
Des donnés ornithologiques montrent que la zone est un lieu de reproduction du faucon pèlerin, espèce protégée. Le hibou des marais est signalé et hiverne sur le site. Cette espèce survole le site pour se nourrir dans la zone du marais. Les données sur l’engoulement sont aussi erronées. Des donnés montrent qu’il se reproduit aussi en bordure du site.
Aucune prospection n’a été effectuée pour rechercher les amphibiens, en particulier de nuit, alors que ces espèces protégées sont présentes aux alentours.
Des suivis de ces espèces par les associations naturalistes sont effectués depuis plusieurs années. Le bureau d’étude environnement ne s’est pas renseigné sur ce point, et n’a apparemment pas pris contact avec les associations locales qui détiennent les données relatives à ces espèces.
Quels sera l’impact sur la qualité de l ‘eau ?
Il est à craindre que les eaux de ruissellement ayant traversé le site du projet ne viennent polluer la nappe phréatique affleurante, eu égard à la proximité en aval des marais et vers lequel ces eaux viendront se verser.
Encore une fois, le dossier de demande d’autorisation d’exploiter ne présente pas d’étude fiable et complète sur ce point.
Lien avec le tissu économique local
Enfin le site est situé sur le flanc du mont de Doville, site fréquenté par les randonneurs, les VVTistes, les promeneurs…
La centrale d’enrobage impactera forcément cette activité touristique, basée principalement sur le « tourisme vert » : rappelons que Saint-Sauveur-le-Vicomte est reconnue « Station Verte ». Le mont est parcouru par un sentier de randonnée qui n’est même pas mentionné dans l’étude.
Nous demandons que les services rendus à l’homme par ce milieu naturel d’exception – préservation de la qualité de l’eau et de la biodiversité, tourisme « vert », … – soient véritablement considérés dans la décision d’autoriser cette activité économique, dont l’utilité reste à démontrer.
Des alternatives sérieuses sont possibles, en utilisant par exemple la centrale existante à Muneville-le-Bingard, par un accord commerciale, ou une cession d’exploitation.
En conséquence, nous vous demandons d’émettre un avis défavorable à ce projet.