Démission de Nicolas Hulot : réaction des élu-es Normandie Ecologie EELV

 

Nicolas Hulot a fait part de sa démission du gouvernement avec dignité et lucidité, soulignant l’impérieuse urgence d’agir pour limiter le changement climatique.

« Nous avons dix ans pour agir, a-t-il souligné. Nous ne pouvons pas nous contenter de petits pas. »

L’été 2018 a vu une prise de conscience générale de la question du réchauffement climatique : ce ne sont plus seulement des projections théoriques d’écologistes, mais une réalité tangible et actuelle. De la Suède à la Californie en passant par la Grèce, l’Afrique ou le Japon, les ravages de la canicule ont frappé le monde : on sait qu’il faudra désormais vivre avec ces chaleurs de plus en plus insoutenables.

Emmanuel Macron endosse dans ses discours ce constat alarmant… mais pour quelle action ?

Nicolas Hulot ne veut plus cautionner les choix d’un gouvernement qui préfère systématiquement les lobbies à l’écologie : les pesticides contre les pollinisateurs et la santé des populations, dont les agriculteurs en première ligne ; les forages pétroliers et le nucléaire contre le développement des énergies renouvelables et la rénovation thermique des bâtiments ; les grands projets inutiles plutôt que la protection de la nature et des sols ; le clientélisme électoral et l’attention portée aux chasseurs contre la biodiversité et l’intérêt de toutes et tous.

La démission de Nicolas Hulot est un électrochoc qui doit sonner comme un appel à la mobilisation générale.

Nous ne pouvons pas lâchement laisser cette responsabilité aux « générations futures », ce sont nos enfants : il faut agir dès aujourd’hui, et changer de modèle.

En Normandie, terre du premier ministre Edouard Philippe, des ministres Bruno Lemaire, Stéphane Travert et du secrétaire d’état Sébastien Lecornu, les mêmes priorités sont systématiquement accordées au business et au monde d’avant.

Le territoire normand est menacé par la montée du niveau de la mer, sur son littoral et dans ses terres. L’artificialisation des sols est une menace pour la biodiversité, le climat, la gestion des crues. Mais on continue à vouloir bétonner la Seine pour en faire un couloir logistique et un paradis fiscal pour les entreprises d’Europe de l’Est avec une « Zone Economique Spéciale » défiant les règles de la concurrence européenne… et partiellement retoquée par la Préfecture – après que les écologistes aient été les seuls à voter contre en avril dernier.

La Région est devenue par la loi Notre chef de file pour le climat : mais la Normandie ne conditionne aucune de ses politiques à cette règle d’or.

On sait que les secteurs des transports et de l’habitat sont les points faibles de la France en matière de réduction des gaz à effet de serre. La Région doit y prendre sa part.

Pour le logement, par exemple, le Plan Bâtiment Durable ne prévoit que 200 rénovations thermiques de copropriétés par an : c’est quantité négligeable !

En matière de transports, la Région continue de financer à perte 4 aéroports distants de moins de 150 kilomètres les uns des autres. Et elle s’engage à financer une nouvelle autoroute, l’A133-A134, en sacrifiant 500 hectares de terres naturelles et agricoles. Le scandale financier de l’A28, révélé par Marianne cet été, doit faire renoncer à ce gaspillage d’argent public, au profit de concessionnaires qui engrangent des bénéfices colossaux sur le dos des contribuables. L’argent public doit être mis au service de l’intérêt général : le climat, la lutte contre la pollution, le service aux habitants. Réouvrir une ligne de train entre Rouen et Evreux devrait par exemple être une priorité pour la Région et pour l’Etat, pour relier les 2 préfectures, pour leur attractivité mutuelle et au service des habitants.

Le même favoritisme s’exerce vis-à-vis de la filière nucléaire, qualifiée par Nicolas Hulot de « folie inutile », au détriment de la transition énergétique. Malgré la gabegie financière de plus de 10 milliards d’euros et l’insécurité technique de l’EPR de Flamanville, Hervé Morin continue de réclamer un deuxième EPR normand à Penly.

Quand il supprime les financements de l’ACRO, l’Agence de contrôle de la radioactivité dans l’Ouest ; quand il met à terre l’ALEC27 (l’Agence Locale de l’Énergie de l’Eure), avec la complicité de Sébastien Lecornu via l’ADEME : il accorde dans le même temps 500.000€ à Nucléopolis, désormais regroupée avec Energies Normandie au sein de NORMANDIE ENERGIES, la filière du mix énergétique normand, présidée par Alban VERBECKE d’EDF, ancien directeur de la centrale de Penly.

Nous voyons que les lobbies sont présents à tous les étages, de la Région au gouvernement, et nous pouvons, comme Nicolas Hulot et les associations, être très inquiets pour la prochaine Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, qui doit voir le jour dans les prochaines semaines.

La porosité du pouvoir et des lobbies a été récemment illustrée par l’affaire Kohler, un autre Normand, secrétaire général de l’Elysée, qui a siégé au Conseil de surveillance du port du Havre comme haut fonctionnaire entre 2010 et 2012, tout en étant apparenté aux dirigeants de l’armement MSC, l’un des grands clients du port normand, au risque de conflits d’intérêts.

Selon Europe Écologie Les Verts, « Seuls des changements majeurs de politique et de logique permettront de faire face aux enjeux du climat, de la biodiversité, de l’écologie. Pour les obtenir, un ministère ne suffit pas quand il est encerclé d’adversaires. Il faut une mobilisation citoyenne et un rapport de force politique. Les écologistes répondront présent-e-s. »

Groupe des élus régionaux Normandie Ecologie EELV

Contact : 06.15.52.08.25

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